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Anja Van  Campenhout

Chef de clinique adjoint Orthopédie, Orthopédie pédiatrique, UZ Leuven

En orthopédie pédiatrique, certaines affections disparaissent spontanément au 

fil du temps et ne nécessitent donc pas de traitement. A l’inverse, d’autres s’amplifient 

en grandissant. Pour éviter cela, mieux vaut les traiter de manière précoce. Savoir faire la 

différence entre des affections sévères et banales est dès lors crucial. Les affections rares 

ne sont pas abordées dans le présent article. Ce dernier se penche essentiellement sur l’ap-

proche adoptée dans le cadre des affections congénitales et acquises les plus fréquentes.

OR

THO


ANOMALIES CONGÉNITALES DU PIED

PIED BOT


Le  pied  bot,  ou  pied  bot  varus  équin,  est  une  anomalie 

congénitale du pied qui touche environ 1 nouveau-né vi-

vant sur 1.000. Elle peut se manifester dans le cadre d’une 

affection  sous-jacente  comme  le  spina  bifida  ou  l’arthro-

grypose, mais est généralement isolée. Son étiologie n’est 

pas  connue,  mais  un  facteur  héréditaire  est  assurément 

présent (1).

Le diagnostic du pied bot est avant tout clinique: la partie 

postérieure du pied présente un varus et un équin, tandis 

que la partie antérieure présente une adduction et une su-

pination (Figure 1). Le mollet est légèrement atrophié et 

le pied un peu plus petit que le pied controlatéral éventuel-

lement normal. Cette différence est plus marquée lorsque 

l’enfant grandit. Dans la moitié des cas, l’affection est bila-

térale. 70% des cas de pied bot concernent des garçons. En 

cas de véritable pied bot, le pied ne peut pas être corrigé 

passivement. Toutefois, s’il est possible de le corriger mais 

que  le  pied  se  remet  spontanément  en  position  de  varus 

équin, nous avons

 

une déformation due à la position intra-



utérine du fœtus. Dans ce cas, on constate généralement 

une amélioration spontanée.

Sur  le  plan  anatomopathologique,  on  constate  une  sub-

luxation médiale de l’os naviculaire par rapport à l’astra-

gale. La partie distale de ce dernier est orientée de façon 

latérale et non médiale, donc il devient parallèle au calca-

néum. Le calcanéum reste donc bloqué en position d’équin 

sous  l’astragale.  La  stratégie  thérapeutique  est  basée  sur 

cette déformation anatomique (2).

Dans le cadre du traitement, le médecin corrige progres-

sivement  la  position  de  l’astragale  et  du  calcanéum  au 

moyen d’une courte manipulation, qui consiste à réaliser 

une  abduction  de  l’avant-pied  avec  contre-pression  sur 

le col de l’astragale (Figure 2). Seule la première mani-

pulation  est  ciblée  sur  la  correction  du  pied  creux  via  

la  réduction  de  l’avant-pied  par  rapport  à  l’arrière-pied. 

Figure 1: Pied bot: adduction de l’avant-pied, équin et varus de 

l’arrière-pied.




ORTHO-RHUMATO | VOL 12 | N°3 | 2014

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Ce traitement est répété tous les 5 à 7 jours. Après maxi-



mum 8 plâtres (en fonction de la rigidité du pied), un mé-

decin expérimenté doit normalement pouvoir réaliser une 

abduction du pied de 70 degrés. L’équin est ensuite corri-

gé. Dans 70 à 90% des cas, le raccourcissement du tendon 

d’Achille est trop prononcé pour pouvoir le corriger à l’aide 

de plâtres et un allongement du tendon d’Achille est réa-

lisé. A un jeune âge (jusqu’à environ 1 an), celui-ci se fait 

par ténotomie sous anesthésie locale. Un dernier plâtre est 

ensuite posé sur la partie supérieure de la jambe pendant 3 

semaines. Au total, le traitement dure donc environ 2 mois. 

Dès que la position du pied est totalement corrigée, il est 

très important de maintenir cette correction, d’où le carac-

tère essentiel du traitement subséquent au moyen de chaus-

sures avec attelle d’abduction-exorotation (Figure 4). Ces 

dernières  doivent  être  portées  en  permanence  au  cours 

des 3 premiers mois après l’enlèvement du dernier plâtre. 

Par la suite, ils peuvent être portés moins souvent, à savoir 

uniquement la nuit et pendant les siestes, mais néanmoins 

jusqu’à l’âge de 3-4 ans. Si ce traitement n’est pas suffisam-

ment respecté, des récidives sont constatées dans 80% des 

cas; si l’orthèse est correctement utilisée, cela pose très rare-

ment problème (3). Heureusement, la plupart des récidives 

peuvent être traitées à l’aide de la même approche conser-

vatrice, autrement dit, avec une manipulation, des plâtres 

et éventuellement un allongement du tendon d’Achille. La 

motivation des parents joue toutefois un rôle essentiel dans 

la réussite du traitement.

Dans 90 à 95% des cas, la méthode de Ponseti permet d’ob-

tenir une bonne correction, avec un pied souple et planti-

grade. Aussi, il s’agit de la technique la plus utilisée dans le 

monde (3). Il importe de pouvoir entamer le traitement le 

plus  rapidement  possible.  Généralement,  nous  commen-

çons  le  4

e

  ou  5



e

  jour  après  la  naissance,  lorsque  la  mère 

et l’enfant quittent la maternité et que les premières émo-

tions sont passées. En principe, cette technique conserva-

trice permet de corriger correctement un pied bot jusqu’à 

l’âge de 1 à 2 ans. Toutefois, si le traitement ne peut pas 

être entamé peu après la naissance, davantage de plâtres 

sont nécessaires.

Il  est  relativement  rare  de  devoir  procéder  à  des  inter-

ventions  chirurgicales  plus  lourdes  visant  à  corriger  les 

relations  anatomiques  au  niveau  de  l’arrière-pied  et  du 

métatarse.  Nous  ne  réalisons  ce  type  d’intervention  que 

vers l’âge de 9 à 12 mois lorsque les examens clinique et 

radiologique  révèlent  qu’il  n’est  pas  possible  de  modifier 

la position  de  l’astragale, comme  en cas de  pied  bot  très 

rigide dû à une arthrogrypose ou à la présence d’une coali-

tion calcanéo-astragalienne.

Un traitement conservateur réussi permet non seulement 

d’éviter  une  intervention  plus  lourde,  mais  également 

d’être confronté moins souvent aux conséquences poten-

tielles de ce type d’intervention, à savoir la douleur et la 

rigidité (4).

Figure 2: Manipulation du pied bot selon la technique de Ponseti: 

le premier rayon est fixé et placé en abduction, avec contre-pression 

sur le col de l’astragale.

Figure 3: Plâtre de la partie supérieure du membre inférieur dans le 

cadre du traitement du pied bot.

A partir de la manipulation suivante, l’accent est mis sur 

l’abduction de l’avant-pied. Cette technique a été mise au 

point par Ignacio Ponseti. Avec les anciennes techniques 

de manipulation et de plâtre, l’arrière-pied n’était pas fixé 

correctement,  ce  qui  empêchait  de  parvenir  à  une  correc-

tion  adéquate.  Immédiatement  après  la  manipulation,  la 

partie supérieure du membre inférieur est plâtrée dans la 

position  corrigée;  avec  un  plâtre  au-dessous  du  genou,  il 

n’est pas possible de maintenir cette correction (Figure 3).  

Figure 4: Attelle d’abduction-exorotation avec chaussures

également appelée attelle de Dennis Brown.




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MÉTATARSUS ADDUCTUS



Contrairement au pied bot, le métatarsus adductus ne se 

caractérise que par une anomalie de l’avant-pied, lequel est 

en adduction. Cette affection touche 1 nouveau-né vivant 

sur  1.000.  Sur  le  plan  clinique,  nous  constatons  que  le 

bord latéral du pied est convexe (Figure 5). L’arrière-pied 

est  neutre  ou  légèrement  en  valgus;  la  dorsiflexion  de  la 

cheville  est  normale.  Outre  un  examen  clinique  du  pied, 

certaines études recommandent de contrôler aussi minu-

tieusement les hanches, afin de vérifier la présence éven-

tuelle  d’une  dysplasie,  car  celle-ci  s’accompagne  souvent 

d’anomalies congénitales du pied.

Dans 86% des cas, le métatarsus adductus se corrige spon-

tanément avant l’âge de 3 à 6 mois, éventuellement avec 

un hallux varus dynamique résiduel qui se corrige spon-

tanément dans les 1 à 2 ans suivants. En l’absence de cor-

rection spontanée, le métatarsus adductus plus rigide doit 

être traité par plâtres successifs

 

toutes les 1 à 2 semaines 



pendant 6 à 8 semaines. Après la correction, l’enfant doit 

porter une petite chaussure orthopédique jusqu’à l’âge de 

1 à 2 ans. Chez les enfants de plus d’un an, un traitement 

au  moyen  de  plâtres  n’est  pas  toujours  suffisant  et  une 

chirurgie peut s’avérer nécessaire, en particulier chez ceux 

de plus de 4 ans. Une correction des parties molles est en-

core possible avant 6 ans. Passé cet âge, des interventions 

osseuses sont généralement nécessaires (4, 5).

ANOMALIES ACQUISES DU PIED CHEZ L’ENFANT 

ET L’ADOLESCENT

PIED PLAT OU PES PLANOVALGUS

Par  pied  plat  ou  pes planovalgus  (ppv),  nous  désignons 

un  pied  qui,  lorsqu’il  est  porteur,  présente  un  valgus  de 

l’arrière-pied  ainsi  qu’un  affaissement  du  métatarse  ou 

de la voûte plantaire médiale. Nous distinguons ici le pied 

plat souple (2/3 des ppv), le pied plat souple avec muscle 

soléaire court (1/4 des ppv) et le pied plat rigide (moins de 

10%) (4).

Malgré le fait qu’il n’existe pas de définition exacte du ppv 

reposant sur des critères cliniques et radiologiques précis, 

il est généralement admis que la plupart des enfants et en-

viron 20% des adultes ont les pieds plats. Dans la majorité 

des cas, il s’agit donc de la forme souple.

Le pied plat souple se caractérise par une hyperflexibilité de 

l’articulation sous-astragalienne due à une laxité ligamen-

taire. Il s’agit là d’un phénomène normal chez pratiquement 

tous les enfants de deux ans. Généralement, nous consta-

tons une correction spontanée de la forme du pied déjà à 

partir de 4 ans, même si parfois, il faut attendre 8 à 10 ans. 

Un petit groupe d’enfants garderont les pieds plats une fois 

adultes,  mais  malheureusement,  il  n’est  pas  possible  de 

les  identifier  de  manière  précoce.  Toutefois,  si  le  tendon 

d’Achille et les muscles soléaires sont suffisamment longs, le 

pied plat souple est rarement incommodant. Il est rarement 

associé à d’autres affections; cependant, une véritable hy-

perlaxité, qui se manifeste alors dans d’autres articulations, 

doit être exclue par le biais d’un examen clinique.

Le diagnostic d’un pied plat souple est essentiellement cli-

nique. Lorsque l’enfant est debout et s’appuie sur son pied, 

la voûte plantaire médiale s’affaisse et le talon bascule en 

valgus; lorsqu’il s’assied et ne s’appuie pas sur son pied, ce 

dernier ne présente aucune déformation. Lorsque l’enfant 

se tient debout sur ses orteils, le pied se corrige également. 

Chez les petits enfants qui ne sont pas capables ou refusent 

de  se  tenir  sur  leurs  orteils,  on  peut  réaliser  une  dorsi-

flexion du gros orteil, avec le même résultat. Il importe de 

toujours vérifier si les muscles soléaires sont suffisamment 

longs en contrôlant la capacité de dorsiflexion de la che-

ville. Lorsque l’arrière-pied est en position neutre (donc le 

valgus corrigé), une dorsiflexion de la cheville de minimum 

10 degrés doit être possible (5).

Les pieds plats souples n’occasionnent que rarement des 

gênes chez l’enfant. Il s’agit alors généralement de symp-

tômes diffus  de fatigue  et de douleurs dans les pieds  et/

ou les jambes, qui s’intensifient après les périodes d’acti-

vité.  Dans  ce  cas  (et  donc  uniquement  en  présence  de 

symptômes subjectifs), le port d’une semelle orthopédique 

s’avère utile. Pour tous les autres cas de pieds plats souples, 

aucun traitement n’est nécessaire. En effet, il existe suffi-

samment  d’études  longitudinales  critiques  qui  montrent 

que  les  semelles  orthopédiques  ou  chaussures  adaptées 

n’ont aucune influence sur le développement du pied plat 

souple  (6,  7).  En  outre,  il  a  également  été  prouvé  que  le 

port  de  chaussures  «adaptées»  a  des  conséquences  psy-

chologiques négatives à long terme (8). Autant de bonnes 

raisons donc de ne rien prescrire en cas de pied plat indo-

lore (9, 10).

Bien entendu, il convient toujours de réaliser le diagnostic 

différentiel du pied plat souple avec muscle soléaire court 

et du pied plat rigide. Dans le premier cas, l’examen cli-

nique montre qu’il n’est pas possible d’obtenir une dorsi-

flexion  suffisante  de  la  cheville  lorsque  l’arrière-pied  est 

Figure 5: Radiographie d’un métatarsus adductus gauche.



ORTHO-RHUMATO | VOL 12 | N°3 | 2014

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corrigé. En cas de ppv souple avec muscle soléaire court, le 



mouvement de déroulement normal de la cheville est in-

suffisant à chaque étape et le mouvement de dorsiflexion 

qui  a  normalement  lieu  dans  la  cheville  est  déplacé  au 

niveau de l’arrière-pied et du métatarse. Cette «fausse» 

dorsiflexion  est  à  l’origine  d’une  pression  et  de  mouve-

ments anormaux au niveau de l’articulation sous-astraga-

lienne déjà trop souple, ce qui entraîne un accroissement 

de la déformation en pied plat avec, souvent, des douleurs 

au pied et à la cheville. L’étirement des muscles gastroc-

némien  et/ou  soléaire  revêt  une  importance  cruciale  en 

présence de cette affection. Lorsque le raccourcissement 

est léger, celle-ci peut s’effectuer au moyen de stretching 

ou d’une série de plâtres d’extension. En cas de raccour-

cissement  considérable  ou  de  correction  insuffisante,  la 

chirurgie (allongement du muscle ou tendon trop court) 

est  indiquée.  S’il  n’est  pas  traité,  ce  type  de  pieds  plats 

peut entraîner des troubles et des déformations sévères à 

l’âge adulte (4).

Si,  à  l’examen  clinique,  le  pied  plat  ne  se  corrige  pas 

lorsqu’il  est  en  position  relâchée  ou  lorsque  l’enfant  se 

tient sur les orteils, on parle d’un pied plat rigide. Celui-ci 

est souvent dû à une coalition tarsienne, même si, dans de 

rares cas, il peut être associé à un astragale vertical congé-

nital, à une arthrite juvénile idiopathique, à une infection 

ou  à  une  tumeur.  Une  coalition  tarsienne  se  caractérise 

par  une  synostose  congénitale  de  plusieurs  os  du  tarse 

due  à  l’échec  de  la  différenciation  et  de  la  segmentation 

du mésenchyme primaire. Généralement cartilagineuse ou 

fibreuse à l’origine, cette barre entraîne, lors de l’ossifica-

tion des petits os du pied, une réduction de la mobilité qui 

peut occasionner des troubles chez un pourcentage limité 

d’enfants, en particulier à partir du début de l’adolescence. 

D’un point de vue clinique, on constate une limitation ou 

une  absence  de  mobilité  de  l’arrière-pied  (sous-astraga-

lienne). Une hyperlaxité ligamentaire et une mobilité ac-

crue de la cheville peuvent parfois brouiller ce diagnostic 

et expliquent pourquoi les patients souffrant de cette affec-

tion du pied sont souvent victimes d’entorses de la cheville. 

Les  douleurs  sont  généralement  localisées  au  niveau  de 

la coalition et, en cas de valgus plus prononcé, au niveau 

latéral en raison de l’appui contre la malléole externe ou 

médial  au  niveau  de  la  voûte  plantaire  affaissée.  La  coa-

lition  calcanéo-naviculaire  peut  être  diagnostiquée  au 

moyen de la radiographie. Pour une synostose astragalo-

calcanéenne, un CT scanner ou une résonance magnétique 

nucléaire confirmera le diagnostic. Le traitement initial est 

toujours conservateur, avec des semelles orthopédiques ou 

une période d’immobilisation avec un plâtre de marche. Si 

les gênes persistent, une résection peut être envisagée pour 

certains types de coalition. Toutefois, en cas de synostose 

de l’astragale et du calcanéum, il est souvent impossible de 

pratiquer cette intervention sans endommager gravement 

l’articulation et une fusion doit être réalisée (5).

PIED CREUX OU PES CAVUS OU PIED CAVOVARUS

Un pied creux est caractérisé par une accentuation de la 

voûte  plantaire  médiale  ou  haut  cou-de-pied.  L’avant-

pied  est  fixé  en  équin  jusqu’à  l’arrière-pied.  On  constate 

généralement d’abord une position de flexion du 1

er

 méta-


tarsien,  puis  des  autres  métatarsiens,  et  enfin  un  varus 

de  l’arrière-pied.  Bien  que  de  nombreux  pieds  creux  ne 

soient pas progressifs, le risque de pathologie neuromus-

culaire sous-jacente est plus élevé qu’en cas de pied plat. 

Ainsi, environ la moitié des cas de pied creux progressif 

et/ou accompagné d’un varus du talon (pied cavovarus) 

ou d’orteils en griffe sont dus à une neuropathie progres-

sive  comme  la  maladie  de  Charcot-Marie-Tooth  (atro-

phie musculaire péronière héréditaire), un dysraphisme 

spinal, l’ataxie de Friedreich, etc. Il est dès lors indiqué 

d’accorder une attention particulière aux réflexes et à la 

force lors de l’examen clinique, ainsi qu’à l’exclusion de 

la  présence  d’une  scoliose,  de  fossettes  et  d’une  tache 

pileuse dans le cadre de l’examen du dos. En cas de suspi-

cion de neuropathie progressive, une électromyographie 

avec détermination de la vitesse de conduction nerveuse 

est recommandée (4, 11).

Le fait que les personnes ayant un pied creux se tiennent 

principalement sur les têtes métatarsiennes et le talon peut 

parfois conduire à une surcharge entraînant la formation 

de cals et des douleurs. Dans ce cas, le port d’une semelle 

orthopédique  avec  coussin  métatarsien  permet  de  soula-

ger ces symptômes. Le rôle des mesures conservatrices est 

toutefois limité. En effet, les orthèses, les exercices de ren-

forcement  musculaire  et  le  stretching  ne  permettent  pas 

de  stopper  la  progression,  mais  uniquement  de  la  ralen-

tir. Lorsque le pied est encore souple, des ténotomies et/

ou transferts tendineux sont réalisés par voie chirurgicale. 

Si la déformation du pied est déjà rigide, ces procédures 

doivent  être  complétées  par  des  ostéotomies.  La  fusion 

des articulations est à éviter dans la mesure du possible, 

car elle provoque de l’arthrose à long terme. Néanmoins, 

l’objectif doit toujours être d’obtenir un pied plantigrade 

à la fin de la croissance, dans la mesure où un pied creux 

persistant devient de plus en plus incommodant au fil du 

temps (12).

ANOMALIES DES ORTEILS

HALLUX VALGUS

L’hallux valgus se caractérise par le valgus du gros orteil, 

mais également par l’exostose sur la face médiale de la tête 

du  1

er

  métatarsien  et  un  metatarsus  primus  varus  (angle 



trop  grand  entre  le  1

er

  métatarsien  et  le  reste  de  l’avant-



pied).

Chez  l’adulte,  l’hallux  valgus  est  souvent  associé  au  port 

de  chaussures  à  talons  trop  étroites.  Dans  sa  forme  

juvénile, des facteurs anatomiques (comme la forme des  




ORTHO-RHUMATO | VOL 12 | N°3 | 2014

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articulations  et  leur  souplesse)  jouent  cependant  un  rôle 



plus important. Il se manifeste aussi chez les jeunes enfants, 

en particulier les filles, et est souvent (jusqu’à 75%) dû dans 

ce cas à une transmission génétique maternelle (4).

L’aspect cosmétique, les douleurs et la difficulté à trouver 

des  chaussures  confortables  sont  les  principaux  symp-

tômes.  Le  traitement  conservateur  consiste  à  fournir 

des  conseils  sur  les  chaussures  adéquates.  Ainsi,  celles-

ci  ne  doivent  pas  avoir  de  talons  trop  hauts  et  compor-

ter  un  espace  suffisant  pour  l’avant-pied.  Toutefois,  les 

jeunes  femmes  ne  sont  pas  vraiment  enchantées  par  ces 

conseils et les suivent donc rarement. L’utilité des semelles 

orthopédiques  ou  d’un  dispositif  à  porter  la  nuit  n’a  pas 

été  prouvée.  Si  les  douleurs  persistent,  une  intervention 

chirurgicale s’impose à terme. Le rétablissement de l’ana-

tomie,  via  la  correction  de  l’angle  intermétatarsien,  de 

l’angle de la surface articulaire distale du 1

er

 métatarsien 



et de l’articulation métatarsocunéiforme, est alors néces-

saire. Pour ce faire, une intervention sur les parties molles 

au niveau de l’adducteur et de la capsule latérale, combinée 

à une ostéotomie de la partie proximale du 1

er 

métatarsien, 



est généralement requise. Compte tenu de la présence d’un 

cartilage  de  conjugaison  à  cet  endroit,  cette  intervention 

doit être réalisée avec une extrême prudence. Même après 

ces procédures lourdes, il existe un risque de récidive de 

10 à 15% (13).

AFFECTIONS DES ORTEILS

Outre  l’aspect  cosmétique,  une  déformation  des  orteils 

peut  également  entraîner  des  difficultés  à  trouver  des 

chaussures  confortables.  Il  est  important  de  connaître 

l’évolution  naturelle  des  différentes  anomalies.  Souvent, 

nous  constatons  que  l’anomalie  des  orteils  s’amplifie  à 

mesure que l’enfant grandit, ce qui peut donner lieu à une 

déformation rigide et douloureuse.

Les  anomalies  congénitales  des  orteils  sont  dues  à  un 

trouble de la formation, à un trouble de la différenciation 

ou à une hypoplastie (4).

En cas de trouble de la formation, un ou plusieurs rayons 

sont absents de l’avant-pied, généralement au niveau post-

axial (ou péronier), ce qui peut entraîner, outre l’absence 

d’un ou plusieurs orteils latéraux, l’apparition d’anomalies 

des os du tarse, du péroné ou du fémur.

Les  troubles  de  la  différenciation  se  manifestent  sous  la 

forme de polydactylie, de syndactylie ou d’un varus du 5

e

 



orteil.  La  polydactylie  touche  1,7  nouveau-né  vivant  sur 

1.000, avec une duplication du 5

e

 orteil dans 80% des cas. 



A cet égard, nous constatons dans le cadre du suivi à long 

terme que 75% des personnes non traitées éprouvent des 

difficultés à trouver des chaussures de confection adaptées 

en raison de la largeur de leur avant-pied. 20% de ces pa-

tients développent des symptômes de douleur. L’orteil en 

trop est donc généralement réséqué après l’âge de 6 mois. 

En cas de syndactylie, les orteils sont reliés entre eux par 

un réseau cutané (type 1, surtout entre les 2

e

 et 3


e

 orteils) 

ou par un lien plus complexe (type 2, principalement entre 

les 4


e

 et 5


e

 orteils). La plupart du temps, cette affection ne 

requiert aucun traitement. Un varus congénital du 5

e

 orteil 



est causé par une contracture dorsale de la peau, du ten-

don extenseur et de la capsule de l’articulation métatarso- 

phalangienne.  Généralement,  la  correction  de  cet  orteil 

chevauchant n’est pas spontanée et ne peut pas non plus 

être obtenue à l’aide de bandages. Toutefois, une correc-

tion chirurgicale n’est indiquée qu’en cas de gêne (5).

La clinodactylie (qui touche la plupart du temps le 3

e

 ou le 



4

e

 orteil) est une anomalie acquise, dans laquelle l’articu-



lation IPP (interphalangienne proximale) est toujours en 

position de flexion et l’articulation IPD (interphalangienne 

distale) est parfois en flexion. Elle est souvent bilatérale et 

est à hérédité dominante. A l’origine, l’orteil est souple et 

nous constatons une amélioration spontanée dans 25% des 

cas. En l’absence d’amélioration avant la fin de la petite en-

fance, une ténotomie des tendons du long fléchisseur des 

orteils peut être envisagée afin d’empêcher la progression 

vers une position de flexion rigide de l’articulation IPP.

Références

1.  Dobbs MB, Gurnett CA. Genetics of clubfoot. J Pediatr Orthop B 2012;21(1):7-9.

2.  Jowett CR, Morcuende JA, Ramachandran M. Management of congenital talipes 

equinovarus using the Ponseti method: a systematic review. J Bone Joint Surg Br 

2011;93(9):1160-4.

3.  Graf A, Wu KW, Smith PA, Kuo KN, Krzak J, Harris G. Comprehensive review of the 

functional outcome evaluation of clubfoot treatment: a preferred methodology. J Pediatr 

Orthop B 2012;21(1):20-7.

4.  JJ McCarthy, JC Drennan. Lippincott Williams & Willeams. Drennan’s the child’s foot and 

ankle. 2

nd

 ed. 2010.



5.  Leerboek kinderorthopedie. G Fabry. Garant. Derde druk, 2008.

6.  Penneau K, Lutter LD, Winter RD. Pes planus: radiographic changes with foot orthoses 

and shoes. Foot Ankle 1982;2:299-303.

7.  Wenger DR, Mauldin D, Speck G, et al. Corrective shoes and inserts as treatment for 

flexible flatfoot in infants and children. J Bone Joint Surg (Am) 1989;71:800-10.

8.  Driano AN, Staheli L, Staheli LT. Psychosocial development and corrective  shoewear use 

in childhood. J Pediatr Orthop 1998;18:346-9.

9.  Yagerman SE, Cross MB, Positano R, Doyle SM. Evaluation and treatment of symptomatic 

pes planus. Curr Opin Pediatr 2011;23(1):60-7.

10.  Evans AM, Rome K. A Cochrane review of the evidence for non-surgical interventions for 

flexible pediatric flat feet. Eur J Phys Rehabil Med 2011;47(1):69-89.

11.  Lee MC, Sucato DJ. Pediatric issues with cavovarus foot deformities. Foot Ankle Clin 

2008;13(2):199-219.

12.  Mubarak SJ, Van Valin SE. Osteotomies of the foot for cavus deformities in children. J 

Pediatr Orthop 2009;29(3):294-9.

13.  Coughlin MJ.Roger A. Mann Award. Juvenile hallux valgus: etiology and treatment. Foot 

Ankle Int 1995;16(11):682-97.

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