Ce garçon de 14 ans consulte en
Septembre 2001 parce qu’il se plaint de
la hanche droite depuis le 26 Juin
passé. Cet enfant, habituellement sportif
(il joue au football tous les jours) se
souvient très bien que ce jour il a res-
senti une très vive douleur de la hanche
droite dans un mouvement forcé.
Depuis, il se plaint de douleurs méca-
niques survenant lors de l’appui et de la
mobilisation ; il n’a pas de douleurs
nocturnes spontanées. Il n’y a aucun
antécédent familial de maladie rhuma-
tismale juvénile, aucun souvenir d’hy-
darthrose, pas de terrain allergique. Le
seul antécédent notable de ce garçon est
une fistule anale qui a été opérée 3 ans
plus tôt alors que cet enfant avait 11 ans
et dont on avait signalé la rareté chez un
enfant.
Lorsqu’on l’examine pour la première
fois, il a exactement 14 ans et un mois,
mesure 154 cm, pèse 38 Kg et est à P4,
A2. Il marche en rotation externe et en
flexion de hanche. L’examen clinique
confirme le déficit de flexion de 20° et
de la rotation interne qui est à 0° ; on
retrouve une nette amyotrophie de la
cuisse droite. Il n’y a aucun signe infec-
tieux, pas de fièvre, pas d’altération de
l’état général. La radiographie des
hanches montre quelques anomalies de
l’extrémité supérieure du fémur droit
avec un remaniement du col et un épais-
sissement de la corticale inférieure (Fig
1). Le bilan biologique fait en urgence
est normal.
Une scintigraphie (Fig 2) est faite qui
confirme bien ces anomalies du col
fémoral et qui montre une ligne vertica-
le hyperfixiante qui traverse le col à par-
tir du cartilage de croissance qui, lui-
même, hyperfixe nettement par rapport
au côté opposé.
On pose le diagnostic de fracture de
fatigue du col fémoral. On demande de
suppri-mer l’appui et d’interrompre
toute activité sportive.
Revu un mois et demi plus tard, ce gar-
çon ne se plaint plus de douleurs de sa
han-che, mais celle-ci reste en attitude
vicieuse et douloureuse à la mobilisa-
tion. On reste alors sur le diagnostic de
fracture de fatigue et on demande à ce
garçon de ne pas reprendre le sport et de
patienter. La radiographie faite alors ne montre
rien de plus que la précédente.
Revu un mois plus tard en Novembre
2001, la situation reste médiocre avec
une hanche toujours raide, toujours
douloureuse. La radiographie semble
évoquer quelques remaniements du
cotyle qui apparaît irrégulier. (Fig 3)
On décide alors d’hospitaliser ce garçon
devant ce qu’on appelle alors une "
chondrolyse probable ". On met en route
une traction lourde qui, d’ailleurs, est
as-sez mal supportée. Le bilan biolo-
gique reste normal. Une IRM est deman-
dée (fig 4). Elle montre qu’il n’y a pas
d’épanchement dans l’articulation, que
la tête est bien vascularisée et que le
cartilage semble régulier et d’épaisseur
normale. Le rhumatologue pédiatre exa-
mine l’enfant, contrôle tous les résultats
d’examen et pense qu’il n’y a pas lieu, a
priori, d’évoquer une maladie inflamma-
toire ; toutefois il est décidé de faire une
biopsie synoviale pour écarter toute
arrière-pensée.
Cette biopsie synoviale est faite le 7
Décembre 2001. On note qu’il n’y a
aucune anomalie macroscopique du
cartilage articulaire. Le résultat de cette
biopsie syno-viale confirme l’absence
de signes inflammatoires. On décide de
continuer la traction à domicile et on est
à ce moment conforté dans l’idée d’une
chondrolyse.
Revu un mois plus tard, ce garçon ne va
pas mieux. Sa hanche reste raide, dou-
lou-reuse. Les radiographies qui sont
refaites montrent quelques modifica-
tions.( Fig 5,6)
Il nous semble alors que les remanie-
ments du col, l’aspect de caput valgum,
et l’ossification périostée pourraient
évoquer un glissement de la tête fémo-
rale en coxa valga.
De tels déplacements sont très rares. Ils
avaient été signalés par Brichaux et col.
en 1988 en présentant 2 cas. Ceux-ci
étaient survenus sur des coxa valga pré-
existantes.
Quel est le bon diagnostic ?
Référence.
B
RICHAUX
J C, P
ONTARLIER
J R, D
IARD
F,
C
HATEIL
JF.
Epiphysiolyse de hanche avec un déplace-
ment en valgus. Etude de 2 cas.
Chir Ped 1988 ;29 :39-42
Une curieuse hanche raide et douloureuse
c. Cadilhac (Paris)
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Fig 1. La hanche droite de face.
Fig 2. Scintigraphie qui montre l’hyperfixation au niveau du col et de la physe fémo-rale supé-
rieure.
Fig 3. Irrégularités du cotyle.
Fig 4. L’IRM.
Fig 5. La hanche de face.
Fig 6. La hanche de profil.
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